Poumon vert de la planète avec ses centaines de milliards d’arbres interconnectés, la forêt amazonienne est aussi, on le sait moins, un "océan vert": depuis les racines des arbres jusqu’à la canopée, elle concentre la plus grande réserve d'eau douce de la Terre. Car la région sud-américaine est survolée par de gigantesques flux de vapeur d’eau, surnommées "rivières volantes", qui suscitent depuis une vingtaine d’années la curiosité des chercheurs. Inventeur du terme, le scientifique brésilien Antonio Donato Nobre a consacré sa carrière à étudier leur mécanisme, et à élucider le rôle complexe joué par la forêt dans le climat mondial. Deux grandes questions orientent ses recherches: pourquoi ne trouve-t-on pas de déserts sur le continent sud-américain, une exception à ces latitudes? Et pourquoi les vents venus de l'hémisphère Nord parviennent-ils à traverser l'Équateur, qui sur le reste du globe agit comme un mur infranchissable?