Jean Genet, né le 19 décembre 1910 à Paris VIe arrondissement et mort le 14 avril 1986 à Paris XIIIe arrondissement, est un écrivain, poète et auteur dramatique français. Genet aborde notamment dans ses ouvrages l'homosexualité et l'érotisme, à travers la célébration de personnages ambivalents évoluant au sein de mondes interlopes.
Né de père inconnu (son nom était Frédéric Blanc selon les archives de l'Assistance publique), Jean Genet est abandonné à sept mois par sa mère, Camille Gabrielle Genet (1888-1919), gouvernante ou femme de chambre. Pupille de l'État, le jeune Jean Genet est envoyé dans une famille nourricière du Morvan (la famille Régnier, composée de petits artisans du village d'Alligny-en-Morvan). Cette région, véritable «laiterie» de la France au début du XXe siècle, regroupe alors une grande proportion des familles mandatées par l'Assistance publique pour recueillir et élever les enfants abandonnés de la IIIe République.
La famille adoptive de Genet lui offre l’éducation communale, une mère de lait douce et aimante et un environnement protégé. L'enfant y est heureux, bon élève et enfant de chœur, mais réservé et taciturne. De cette époque remontent les premiers émois masculins de Genet, en la personne du petit Lou Culafroy — qui deviendra plus tard «Divine», héros et ensuite héroïne de Notre-Dame-des-Fleurs — ainsi que d’hommes plus âgés, braconniers de passage ou marginaux égarés. Il obtient la meilleure note de sa commune au certificat d'études primaires.
Il commet son premier vol à l'âge de dix ans. C'est l'acte fondateur de la mythologie de Genet qui, fustigé pour son acte, donne un change très existentialiste en sanctifiant son geste, revendiquant ainsi une asocialité profonde. En octobre 1924, l'Assistance publique le sépare d'office de sa famille d'adoption et l'envoie à l'École d'Alembert, un centre d'apprentissage de Seine-et-Marne, pour suivre une formation d'ouvrier typographe dans l'imprimerie. Se sentant une vocation d'artiste, il fugue le 3 novembre. Arrêté pour vagabondage, il enchaîne fugue sur fugue. En avril 1925, il est placé chez le compositeur aveugle René de Buxeuil. Lorsqu'il est finalement arrêté en juillet 1926 dans un train entre Paris et Meaux sans billet, il est incarcéré quarante-cinq jours. Le 2 septembre, il est confié par les tribunaux jusqu'à sa majorité à La Paternelle, colonie pénitentiaire agricole de Mettray, où se cristallise probablement toute la liturgie de domination/soumission, la hiérarchie masculine et virile ainsi que la féodalité brutale qui en découlent à ses yeux.
Il quitte les lieux à dix-huit ans en mars 1929 et, devançant l'appel, s'engage pour deux ans dans la Légion étrangère. Durant les six années de sa carrière militaire, il est envoyé en Syrie et au Maroc, alors administrés par la France, qui lui font très forte impression par les passions qui y règnent, le charisme mâle et volontaire de ses habitants. En juillet 1936, il déserte l'armée et se réfugie à Brno en Tchécoslovaquie pour échapper aux poursuites. À partir de septembre 1937, revenu à Paris, vivant de petits larcins (dont le vol de livres), Genet passe presque quatre ans dans des prisons pour adultes, pour l'essentiel à la Santé et à la maison d'arrêt de Fresnes. ...
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