(Louise Emilie Colinet) Cette comédienne, au parfait visage ovale un rien mélancolique exceptionnellement éclairé d'un éclatant sourire, débuta sans tapage au théâtre en même temps qu'au cinéma peu avant 1910. Son premier rôle à l'écran semble avoir été dans "La Fleur empoisonnée" de Jasset, mais c'est Camille de Morlhon qui s'attacha bientôt à mettre en valeur Louise Colliney dans au moins sept de ses réalisations, durant les années qui précédèrent immédiatement la guerre. Elle se spécialisait dans les emplois de brunes très comme il faut, sentimentales, discrètes et plutôt résignées. Quand commence l'été 1914, Louise Colliney se trouve à Cancale où Daniel Riche tourne les extérieurs de deux (peut-être trois) films avec Maurice Forster (bientôt opérateur d'Abel Gance et de Germaine Dulac) qui n'a d'yeux que pour elle. En 1915 au Conservatoire, quand elle concourt dans "Iphigénie en Aulide". Elle obtient un second prix de comédie. En pleine guerre vont continuer de sortir divers films que Louise Colliney a interprétés avant la mobilisation, parmi lesquels "La Fleur des ruines" de Gance. La renommée de la comédienne grandit. Dans "Le Secret de la comtesse", Denola lui donne pour partenaire le jeune Pierre Bertin qui sera si peu présent dans le cinéma muet. Passé à la mise en scène, Jacques Grétillat choisit deux fois Louise Colliney pour interprète. Son activité est intense dans les premières années de paix retrouvée, d'autant qu'elle fait aussi partie de la troupe de l'Odéon. En 1921, un jeune réalisateur nommé Jacques Riven prend Louise Colliney pour partenaire de Constant Rémy et Georges Lannes, qui sont alors des vedettes de premier plan, dans une aventure hippique : "Le Jockey disparu". Quelques mois plus tard, avec le même Riven, dans "Douloureuse méprise" elle interprète une bourgeoise qui a des malheurs. Après ce drame, femme de trente ans, à peine davantage, Louise Colliney ne reparaîtra plus jamais à l'écran.